Guingamp en Ligue 1 : les paysans sont de retour !

(Avertissement : le Loïs Sporting Club se veut neutre, il ne prend jamais partie... sauf quand il est question de l'En Avant de Guingamp !)

Il y a des villes de foot dont on parle beaucoup et celles dont on parle moins. Avec ses 7 280 habitants, Guingamp, sous-préfecture des Côtes d'Armor, fait partie de cette deuxième catégorie. Mais après neuf longues années passées à végéter entre National et Ligue 2, l'En Avant de Guingamp, petit Poucet des clubs professionnels français, retrouve la Ligue 1. Selon le sondage publié par l'Equipe sur la saison 2013-2014, Guingamp a toutes les chances de terminer dernier du championnat et donc d'être relégué. Si le supporter guingampais est chauvin, il sait aussi être réaliste car, de l'avis de tous, l'objectif de la saison sera bel et bien le maintien (ceci dit, c'est pareil pour tous les promus, à l'exception notable de Monaco qui vise un peu plus haut, les moyens financiers n'étant pas tout à fait les mêmes...) mais de là à finir derniers, il y a une limite à ne pas franchir, Mesdames et Messieurs les sondés !

L'En Avant de Guingamp fait certes partie des « petits » avec son budget de 20,5 millions d'euros (c'est même le budget le plus faible du championnat) pour la saison 2013-2014 mais le club, fondé en 1912, a une longue histoire derrière lui et plusieurs lignes à son palmarès. En effet, c'est la troisième fois (après 1995 et 2000) que le club costarmoricain (= relatif au, ou originaire du département des Côtes d'Armor. Je précise car on me regarde souvent avec de grands yeux quand je dis que je suis Costarmoricaine) accède à l'élite du football français (on se souvient notamment de cette septième place à l'issue de la saison 2002-2003, c'était l'époque où Drogba et Malouda portaient le maillot rouge et noir). En Avant a souvent brillé grâce à ses parcours en coupe de France. Lors de la saison 1972-1973, alors que le club joue en division supérieure régionale, il réussit l'exploit d'atteindre les huitièmes de finale, éliminant tour à tour quatre pensionnaires de Division 2. Finalistes malheureux de la coupe de France 1997, les Guingampais remportent l'édition 2009 face à Rennes (la fameuse finale 100 % bretonne). L'EAG peut également se targuer d'avoir participé à deux coupes d'Europe ; les supporters n'ont pas oublié la réception de l'Inter de Milan lors de l'édition 1996-1997 de la coupe de l'UEFA.

Le stade du Roudourou (c'est le nom du quartier dans lequel est situé le stade, nom qui vient du breton « roudour » signifiant « gué », « ruisseau ») peut accueillir 18 250 spectateurs, soit deux fois et demi la population municipale ! A Guingamp, le public est bon enfant, on entend rarement les sifflets, même après les défaites. Depuis la tribune latérale ouest (ah non, maintenant il faut dire tribune Patrick, équipementier de l'EAG), le Kop Rouge se charge de mettre l'ambiance dans le stade, ce qui ne devrait pas être trop compliqué cette saison car la campagne d'abonnement a permis de recruter quelques 9 000 fidèles (c'est plus d'habitants que n'en compte Guingamp, ceci dit les supporters viennent de tout le département). Un des temps forts de la saison sera sans nul doute le derby contre Rennes programmé le 5 octobre. L'opposition entre les « citadins » et les « paysans » vaut toujours le détour, tout comme les matchs à venir contre Lorient et Nantes.

« Les paysans sont de retour » (variante : « les paysans sont toujours là ») est, en effet, un des refrains favoris des supporters guingampais. Ce surnom de « paysans », les guingampais le doivent aux Rennais qui, lors des matchs au stade de la Route de Lorient, accueillaient l'EAG à coups de « bienvenue en ville », « Guingamp paysans » au début des rencontres. Sans oublier la fameuse chanson du tracteur (« Tiens bon la vache, tiens bon la charrue, Guingampais ! Roi du tracteur ; 400 chevaux, double carburateur, tu es fier d'être un agriculteur »), sur l'air de Santiano, passée dans les annales du football français (du football breton, je m'emballe !). D'année en année, Guingamp est devenu le club rural qui s'assume face aux grosses écuries du football français et revendique désormais son statut de « paysans ». Petite ville, petit budget sont la marque de fabrique du club et sont garants d'une authenticité de plus en plus rare dans le football de haut niveau.